Une intégrale vibrante et contrastée
Concert: les cinq Concertos pour piano
de Beethoven: un rendez-vous proposé par
Marc Pantillon et l'Orchestre symphonique genevois, en Bas comme en Haut

Photo SP
Marc Pantillon réalise un vieué rêve.

  "L'avantage des Concertos pour piano de Beethoven, c'est qu'ils sont variés et tous d'une excellente qualité; il n'y a donc rien d'artificiel à les présenter sous la forme d'une intégrale", explique Marc Pantillon.
   Avec la complicité de l'Orchestre symphonique genevois, dirigé par Hervé Klopfenstein, le pianiste neuchâtelois convie le public mélomane à une série de rendez-vous dans le canton et à Genève, organisée sous l'égide des amis du conservatoire de Neuchâtel. Deux concerts seront donnés dès dimanche, en Haut comme en Bas, avant de prendre le chemin de la cité de Calvin.
Cette intégrale se résume à cinq pièces, écrites à différents moments de la vie du compositeur, aux ambiances donc très contrastées. "Ces Concertos font partie du répertoire très courant", poursuit le pianiste neuchâtelois. "Mais cela produit un autre effet de les présenter à la suite".
   Histoire de varier les atmosphères et les couleurs, les oeuvres n'ont pas été combinées chronologiquement. Le programme de dimanche comprend le "très mozartien" Concerto No 2, une oeuvre de jeunesse, et le No 5, dit "L'Empereur", héroïque et flamboyant. Les trois autres feront l'objet du second concert.

Arrêt sur le soliste

   Un autre intérêt de ces oeuvres réside dans leurs cadences – un moment, souvent dans le premier mouvement, où l'orchestre s'arrête sur un accord et laisse le soliste improviser à son gré. "Beethoven, lui, a écrit les cadences de ses Concertos. Le No 2, est une oeuvre de jeunesse, tandis que la cadence a été écrite à la fin de sa vie. Le style est tellement différent qu'on dirait qu'elle n'a rien à faire là. Le contraste est magnifique, phénoménale", s'enthousiasme Marc Pantillon. Souvent, la cadence était préteéte, pour le soliste, à faire étalage de sa virtuosité. "Des gammes et des arpèges joués à toute vitesse: c'était un peu crétin. Mais celles de Beethoven sont très réussies".
  
Le musicien réserve d'ailleurs à son public une petite surprise lors de l'interprétation du Concerto No 1, au programme du deuéième concert. Sa cadence promet de trancher un brin sur le style de Beethoven, puisqu'elle est l'oeuvre du compositeur neuchâtelois Alain Corbellari (à ses heures, chroniqueur BD dans nos pages). "Je lui ai commandé cette cadence en lui demandant d'y aller franchement. Le résultat est étonnant, très moderne, et va très bien avec le Concerto". Une fantaisie que Marc Pantillon se permet, "puisque je ne vais jouer que du Beethoven pendant deux concerts".
  
Ces Concertos, le pianiste les fréquente depuis tellement longtemps "qu'ils font presque partie des meubles". A tel point que la principale difficulté consiste à éviter les clichés. "Il faut simplement commencer par lire les notes. C'est bête à dire, mais certaines oeuvres du grand répertoire sont interprétées d'une manière qui n'a rien à voir avec ce qui est écrit. Une tradition s'installe et on est parfois surpris de constater qu'elle ne figure pas dans la partition".

Sophie Bourquin

La Chaux-de-Fonds, Salle de musique, dimanche 23 février,
à 17h (Concertos 2 et 5); Neuchâtel, Temple du Bas, dimanche 16 mars, à 17h (Concertos 1, 3 et 4). Genève, Victoria Hall, vendredi 21 mars, à 20h30 (Concertos 1, 3 et 4); Couvet, Centre sportif, samedi 22 mars, à 17h (Concertos 1, 3 et 4).